Spiritualité


Le Chrisme Inversé

Eglise romane Saint Romain à Cirauqui

Voici une façon bien subtile d’évoquer le retournement c’est l’inversion de l’Alpha et de l’Oméga sur la quasi totalité des chrismes rencontrés sur les chemins de saint Jacques.

Le chrisme superpose les lettres grecques X (khi) et ϱ (rhô), les deux premières lettres du mot Christ. Aux branches du X sont souvent accrochées les lettres α (alpha) et ω (oméga) pour signifier que le Christ est au principe et au terme de la création.

La richesse symbolique du chrisme est immense et plus particulièrement sur les chemins de Saint Jacques où l’on progresse de l’orient vers l’occident. D’est en ouest, c'est pour ceci, que pour lire alpha à oméga, il faut lire de droite à gauche.

C’est que le chemin de Saint Jacques est en fait un pèlerinage intérieur qui propose au pèlerin d’abandonner le moi pour aller vers le Soi.

Ainsi, en parcourant le Chemin de saint Jacques d’est en ouest, l’occident de la terre situé à Santiago ou à Fisterra devient l’orient de l’âme, le but du parcours, l’origine de la Lumière. C’est cette inversion des points cardinaux qui invite le pèlerin à la conversion intérieure et au retournement. Arrivé à Fisterra, le pèlerin brûlera ses habits, l'ancienne enveloppe du vieil homme et s'en retournera chez lui nouvel homme après cette deuxième naissance.

Gilbert BUECHER

 


St Jacques dans les Évangiles, les Actes des Apôtres, les Textes Apocryphes

(Cet article a été pris sur internet car il m'a semblé particulièrement intéressant et bien détaillé. Je remercie l'auteur qui m'a permis de le reprendre)

Jacques dit « le Majeur » est l’un des douze apôtres. Fils de Zebédée, frère de Saint Jean, il est l’un des premiers disciples du Christ. Les évangiles en parlent peu , les actes des apôtres encore moins de même que les textes apocryphes. Il a été pourtant l’un des confidents de Jésus avant la passion et le témoin d’événements importants. On sait seulement qu’il a participé à la création de l’église primitive et qu’il fut décapité en Palestine entre 41 et 44 sur l’ordre d’Hérode Agrippa. Il fut le premier apôtre à verser son sang. Une légende en fait l’évangélisateur de l’Espagne.

Deux autres Jacques importants paraissent dans les évangiles, les actes des apôtres et certains écrits apocryphes chrétiens.

Jacques, frère du Seigneur, appelé « Jacques le Mineur » ou « le Juste » et qui n’est pas un des apôtres. Il aurait été le premier évêque de Jérusalem. Il eut une position prépondérante dans l’église primitive et ses controverses avec Saint Paul sont restées célèbres. Il est mort en 62, lapidé sur ordre du grand prêtre Anan.

Jacques, fils d’Alphée qui faisait partie des apôtres.

Jacques le Majeur dans les Évangiles

Tout d’abord, une constante : Jésus, lorsqu’il veut se confier ou s’il juge la situation grave, fait appel systématiquement à trois disciples parmi les douze :à Pierre, à Jacques le Majeur, à Jean son frère. Ces trois « émergent » et semblent être les « lieutenants du christ ». Ainsi, pour la transfiguration, chez Mathieu, Marc et Luc, nous lisons à peu près le même texte. « Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean et les emmène à l’écart sur une haute montagne ». Lors de la résurrection de la fille de Jaïre, chez Marc, c’est encore les trois mêmes apôtres qui accompagnent Jésus « et il ne laissera personne l’accompagner si ce n’est Pierre, Jacques et Jean, son frère ».

Maintenant, prenons les différents évangiles de façon exhaustive et notons le nombre de fois que Saint Jacques le Majeur est cité :

Évangile de Saint Mathieu

 

Jacques le Majeur est directement cité 3 fois :

1. Chapitre 4 – Verset 21 : appel des quatre premiers disciples : « il vit deux autres frères, Jacques fils de Zebédée et Jean son frère »
2. Chapitre 10 – Verset 2 : discours apostolique et mission des douze : « Les noms des douze apôtres sont les suivants… puis Jacques fils de Zebédée et Jean son frère… »
3. Chapitre 17 – Verset 1 : lors de la transfiguration : « Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean et les emmène à l’écart sur une haute montagne… »

Puis nous notons trois citations indirectes en tant que fils de Zebédée.

1. Chapitre 20 – Versets 20 et 21 : demande de la mère des fils de Zebédée « ordonne que mes deux fils siègent l’un à ta droite et l’autre à ta gauche dans ton royaume » (demande éconduite par Jésus).
2. Chapitre 26 – Verset 37 : A Gethsémani, Jésus prend avec lui Pierre et les deux fils de Zebédée pour leur confier sa tristesse et son angoisse.
3. Chapitre 27 – Versets 55 et 56 : A proximité de la croix du supplice : il y avait là de nombreuses femmes qui regardaient à distance entre autre … la mère des fils de Zebédée.

Ajoutons que les Saint Jacques sont légion ; on en dénombre au moins 13 avant le VIIème siècle…

Évangile de Saint Marc

 

Jacques le Majeur est cité sept fois :

1. Chapitre 2 – Verset 19 : Appel des quatre premiers disciples. Le texte est pratiquement identique à celui de Mathieu : « il vit Jacques, fils de Zebedée, et Jean, son frère »
2. Chapitre 2 – Verset 29 : Guérison de la belle-mère de Simon : « Et sortant de la synagogue il vint dans la maison de Simon et André avec Jacques et Jean.
3. Chapitre 3 – Versets 13 et 14 : Lors de l’institution des douze, Jésus donne à jacques le fils de Zebédée et à Jean son frère le nom de Boanergès c’est à dire fils du tonnerre. Le père des deux apôtres aurait-il eu la réputation d’être coléreux, ou Jacques lui-même… car Jean le Disciple bien aimé a la réputation d’être d’une douceur…angélique !
4. Chapitre 5 – Verset 37 : Lors de la résurrection de la fille de Jaïre c’est encore les trois mêmes apôtres qui accompagnent Jésus : « et il ne laissa personne l’accompagner si ce n’est Pierre, Jacques et Jean »
5. Chapitre 9 – Verset 2 : La transfiguration r réunit comme chez Mathieu les mêmes disciples : « six jours après Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean et les emmène seuls »
6. Chapitre 10 – Verset 35 : La demande des fils de Zebédée.- Alors que chez Mathieu, la mère des deux frères formule sa requête, chez Marc, ce sont les deux frères eux-mêmes : « Jacques et Jean, les fils de Zebédée avancent vers lui et lui disent : accorde-nous de siéger l’un à ta droite et l’autre à ta gauche dans ta gloire : demande que Jésus élude.
7. Chapitre 13 – Verset 3 : Avant le discours eschatologique face au temple, sur le mont des oliviers : Pierre, Jacques, Jean et André l’interrogent en particulier (deux fois deux frères) !

Évangile selon Saint Luc

 

Jacques le Majeur est cité 4 fois :

1. Chapitre 5 – Verset 9 : L’appel des quatre premiers disciples suit les évangiles précédents. Une nouveauté cependant, Simon, Pierre, Jacques et Jean semblent déjà se connaître lorsque Jésus les coopte. « Jacques et Jean les fils de Zebédée, les compagnons de Simon… » pécheurs comme lui à Tibériade.
2. Chapitre 6 – Verset 14 : Le choix des douze, ou les deux Jacques sont cités, le dernier distingué fils d’Alphée.
3. Chapitre 8 – Verset 51 : Pour la résurrection de la fille de Jaïre, Luc comme les autres évangélistes nous signale que seul Pierre, Jacques et Jean rentrent dans la maison du miracle.
4. Chapitre 9 – Verset 28 : concernant la transfiguration, rien de nouveau, Jésus ne prend avec lui que Pierre, Jacques et Jean.

Évangile selon Saint Jean

 

Jean, dans son évangile ne parle jamais de son frère Jacques ni de lui-même d’ailleurs. Il cite souvent Simon, Pierre et Philippe, André, Thomas appelé Didyme et Judas l’Iscariote, de même que la mère et les frères de Jésus.

Dans les Actes des Apôtres

Peu de traces de Saint Jacques le Majeur à part au début, lorsque sont énumérés les disciples qui se regroupent après la mort de Jésus dans la chambre haute où ils se tenaient habituellement. Chapitre 1 – Verset 12 : « c’était Pierre, Jean et Jacques, André Philippe et Thomas, Barthélémy et Matthieu, Jacques fils d’Alphée et Simon le Zelote et Jude, fils de Jacques… tous avec quelques femmes dont Marie, mère de Jésus avec ses frères » Puis, plus rien ,les actes ne parlant plus que de Jacques le frère du Christ qui semble être un des premiers « chefs » de l’église primitive.

Écrits Apocryphes Chrétiens

Tout d’abord dans l’Évangile secret de Marc lors de la résurrection d’un jeune homme ; »Et Jacques et Jésus s’approchèrent de lui … »
Dans la dormition de Marie du pseudo Jean, le texte donne une liste d’apôtres vivants ou morts, liste dont fait partie Saint Jacques le Majeur.
Dans la vie de Jésus, en arabe, on cite une Marie, mère de deux fils de Zebédée, Jacques et Jean.
Dans l’Épitre des apôtres, nous lisons : « Nous, Jean, Pierre, Thomas, André, Jacques etc… nous écrivons aux églises tant d’orient et d’occident que du septentrion et du midi afin de vous raconter ce qui regarde Jésus-Christ »
L’évangile des Ebionites fait état de l’appel des douze : « Il y eut un homme nommé Jésus qui nous choisit… » et encore « En passant le long du lac de Tibériade j’ai choisi Jean et Jacques, fils de Zebédée… »
Jean, dans ses actes, nous raconte la manière dont Jésus les choisit lui et son frère Jacques : « Après avoir choisi Pierre et André qui étaient frères, il se dirigea vers moi et mon frère Jacques en disant : » «j’ai besoin de vous, venez à moi » Plus loin Jean se souvient : « Une autre fois il m’emmena avec Jacques et Pierre sur la montagne où il avait l’habitude de prier. » Et comme Jean accapare Jésus « Pierre et Jacques s’irritaient tandis que je parlais avec le Seigneur et ils me faisaient des signes pour que je vienne auprès d’eux »

Dans les actes de l’apôtre Thomas une liste est énumérée : Simon, Pierre et André, Jacques et Jean, Philippe et Barthélemy, Thomas et Mathieu. Jacques fils d’Alphée et Simon le Cananéen ainsi que Judas, fils de Jacques ! (encore un Jacques … lequel ?) Ils se partagent les contrées pour que chacun d’entre eux prêche dans la région qui lui était échue. Cette liste correspond à celle de la version syriaque sinaïtique.

Enfin, dans la légende de Simon et Théonoé, on parle de Jean, l’apôtre, frère de Jacques, fils de Zebédée et de sa virginité !

Deux Apocryphes Arméniens

Sans parallèle direct dans les autres traditions chrétiennes, nous content l’histoire des apôtres du Christ, Jacques et Jean, les fils du tonnerre et l’histoire de l’apôtre Jacques ou « comment celui qui est appelé à présent Saint Jacques s’en est allé en Espagne revint à Jérusalem, fut décapité et, mort de corps, s’en alla de nouveau en Espagne » mais là s’entrouvre la légende…

  

Le Moulin Mystique

 

Situé sur un pilier coté sud de la nef, c’est un des plus beau chapiteaux de Vézelay, si ce n’est le plus beau. Ce chapiteau est attribué au sculpteur qui a réalisé le grand tympan du narthex qu’on appelle le « Maître du grand tympan ».

C’est le chapiteau du Moulin Mystique. Ce symbole se trouve assez fréquemment dans l’iconographie classique. Le moulin représente le Christ, il est alimenté par le grain qui symbolise l’ancienne alliance la farine symbolisant la nouvelle alliance. Le grain se rattache donc à Moïse, à l’alliance du Sinaï, cette alliance qui est comme une loi extérieure à l’homme qui pesait sur le dos de l’homme comme un joug. La farine de la nouvelle alliance, c’est cette nouvelle alliance intérieure, qui a pénétré le cœur de l’homme. Dieu s’est fait homme, il est venu habiter en l’homme. Par ailleurs, le grain n’est pas assimilable directement, car il est encore pourvu d’une écorce. Mais il contient dans son ventre la farine. Le rôle du moulin, le rôle du Christ, c’est de rendre cette nourriture de la première alliance assimilable. Elle est transformée. D’accomplir la Loi, car le grain, lui est inaccompli. On ne peut pas faire du pain avec du grain, il faut d’abord qu’il soit moulu.

La particularité du moulin mystique de Vézelay, réside dans la présence de deux personnages qui sont à première vue légèrement énigmatiques. En étant un peu familiarisé avec la symbolique médiévale des vêtements, l’on constate qu’ils portent chacun une robe différente. La robe courte, c’est la robe de l’esclave, la robe longue, c’est la robe du maître, du noble, de l’affranchi. Car il est évident qu’on n’allait pas dépenser du tissu inutile pour couvrir les esclaves. Dans la symbolique chrétienne ceux qui portent une robe longue sont affranchis du péché, ce sont principalement les apôtres, on les reconnait d’autant mieux qu’ils sont représentés les pieds nus. Le prophète Isaïe, déjà, était émerveillé par la beauté des pieds de ceux qui portent la bonne nouvelle (Es 20,2). Les apôtres sont traditionnellement représentés habillés de long et les pieds nus. C’est d’ailleurs le cas du personnage de droite qui a une robe longue et qui, pour pouvoir travailler à l’aise est obligé de la replier sur son bras.

Ce n’est pas le cas du personnage de gauche, qui a une robe courte, et des chaussures. Ce qui peut sembler paradoxal, parce que l’attitude des personnages dément à peine leur façon de s’habiller. C’est l’affranchi, celui qui est à droite, qui est dans une attitude déférente par rapport à l’autre personnage qui lui, occupe la place centrale. Sa tête est exactement dans l’axe du chapiteau, à la place principale du chapiteau. C’est la tête de ce personnage de gauche qui reçoit le maximum de lumière. Cette lumière qui a été extrêmement bien utilisée par le sculpteur. Celui-ci s’est servi de la lumière, il a distordu sa composition pour que la lumière se répartisse harmonieusement sur l’œuvre. On voit donc plusieurs parties très éclairées le front et le visage du personnage de gauche, de même que la roue du moulin qui est un cercle crucifère (avec la croix au milieu). C’est ce symbole qui assimile finalement le moulin au Christ. Ce qui est étonnant c’est que cette roue et la tête du personnage sont mis en parallèle alors que ce personnage porte des vêtements d’esclave.

Le personnage de gauche , à la robe courte prend le sac de blé et verse son contenu dans la trémie du moulin dans un mouvement très naturel. Le personnage de droite quant à lui présente un sac sous le moulin pour recevoir la farine.

Qui sont ces deux personnages ? Le personnage de droite est saint Paul reconnaissable à sa tête allongée. Il a toujours ce front un peu dégarni avec une longue barbe qui s’effiloche. Un nez bien busqué et des yeux à fleur de tête. C’est donc saint Paul qui recueille la farine de la nouvelle alliance pour l’apporter sur ses pieds nus aux nations. Saint Paul c’est l’apôtre des gentils, c’est lui qui est venu vers nous, nous qui n’étions pas juifs.

Qui est l’autre personnage ? Nous avons évoqué ses chaussures et sa robe courte, mais il faut encore observer qu’il porte une cape, qui est un attribut royal. Sur la hanche droite une spirale dextre, une spirale qui tourne dans le sens de l’univers. C’est un roi, au sens cosmique du terme, qui porte des vêtements d’esclave. Qui cela peut-il bien être, ce roi qui s’est fait esclave ? Ce ne peut être que le Christ en personne qui vient lui-même porter cette ancienne alliance de Moïse, sous la forme du grain à moudre, afin d’en extraire toute la finesse et de la donner à saint Paul qui ira porter la Parole aux nations.

Catherine et Gilbert BUECHER
  

Au risque de se perdre...

Jean Huet

...et de se retrouver! Un petit texte de Jean Huet qui appelle à réfléchir sur l'apport de la pérégrination vers Compostelle.

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"Tovera"

Jean-Louis Rodier

Le chemin est propice à la méditation, à la réflexion…. Jean Louis Rodier dit « Jean Lou le Chemineau » nous  a envoyé un très joli cadeau qui recense les pensées émanant d’auteurs divers, célèbres ou plus humbles rencontrés sur son chemin. Il a intégré ces belles expressions au sein d’un recueil qu’il a intitulé « TOVERA »….

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St Marc

Jeudi 25 Avril 2024